Si vous réussissez à joindre votre député.e ou son collaborateur ou collaboratrice, vous pouvez regarder la lettre qui leur est adressée et leur expliquer que :
1 ) Il n’y a pas de raison valable de rejeter cette proposition de loi qui propose tout simplement de traduire dans les faits une dynamique déjà à l’oeuvre en faveur de la transparence et du désinvestissement, notamment celui du fonds d’épargne.
Au delà des déclaration de Bruno Le Maire suite à la campagne citoyenne à l’oeuvre depuis un an, Eric Lombard, directeur de la CDC indiquait quant à lui lors du Climate Finance Day le 28 novembre « la collecte du LDDS servira à octroyer des prêts pour financer des projets ayant un impact climatique favorable ». Il n’y a aucun doute que le financement de l’industrie fossile ne rentre pas dans cette case.
L’article 2 de l’Accord de Paris, signé et ratifié par notre pays, fait explicitement référence au désinvestissement des énergies fossiles et appelle à « rendre les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques ». L’Assemblée Nationale a elle aussi adopté, le 25 novembre 2015, une résolution pour une société bas carbone, dans laquelle elle « encourage les investisseurs institutionnels, les entreprises, notamment celles dont l’État est actionnaire, et les collectivités territoriales à cesser d’investir dans les énergies fossiles et notamment dans le charbon ».
2 ) Poursuivre les investissements dans les combustibles fossiles pose également un risque systèmique pour le système financier. En 2017, l’Agence Internationale de l’Energie a estimé que la mise en œuvre des nouvelles politiques climatiques et l’orientation massive vers les énergies renouvelables à l’oeuvre conduiront à la surévaluation de 1000 milliards de dollars d’actifs pétroliers et de 300 milliards de dollars d’actifs gaziers au total. Les investisseurs publics et privés ont donc la responsabilité urgente et l’obligation morale de mettre fin à l’exploitation des combustibles fossiles. Ces « actifs bloqués », parmi d’autres risques financiers liés au dérèglement climatique sont l’une des raisons qui ont poussé déjà plus de 1000 investisseurs clairvoyants à se débarrasser de leurs actifs charbonniers, pétroliers et gaziers.
3) La rupture des liens avec l’industrie des combustibles fossiles devient la nouvelle norme. Le mouvement de désinvestissement des combustibles fossiles, qui se limitait initialement à une poignée de campus universitaires, comprend aujourd’hui des fonds de placement gérant plus de 6240 milliards de dollars d’actifs, comme le révélait lors de la COP24 un nouveau rapport, compilé par Arabella Advisors, mettant en évidence la croissance et l’ampleur remarquables du mouvement. On citera notamment l’Irlande, dont le Parlement a approuvé le projet de loi sur le désinvestissement des combustibles fossiles l’année dernière, ce qui en fait le premier pays au monde à avoir entièrement cédé des fonds publics de l’industrie des combustibles fossiles. A l’instar de ces institutions, nous revendiquons que la transparence et la désinvestissement des combustibles fossiles est une nécessité démocratique.
4) Si nous devons passer à l’offensive pour bloquer la source du problème, c’est que les solutions existent et sont portées depuis longtemps par les citoyens, il suffit d’attester de la croissance exponentielle des projets citoyens locaux d’énergies renouvelables, en dépit du manque de soutien financier et des barrières institutionnelles. Plus globalement, les énergies renouvelables sont désormais au centre du paysage énergétique mondial. Les progrès technologiques et la baisse des coûts ont permis aux énergies renouvelables de se développer plus rapidement que toute autre source d'énergie. De nombreuses énergies renouvelables sont désormais plus compétitives financièrement que les combustibles fossiles, avant même que soient pris en compte les coûts liés à la pollution atmosphérique, par exemple. Le prix de l’énergie solaire a chuté de 88% cette dernière décennie, tandis que le nucléaire est de plus en plus coûteux.