Monsieur le président : cessez de financer TOTAL

Depuis son élection, le président Macron a accueilli plusieurs sommets internationaux sur le climat et la biodiversité et lancé plusieurs initiatives nationales sur le sujet. De la tribune des Nations unies à la Conventionne citoyenne pour le climat, Emmanuel Macron multiplie les exercices de communication où il aime à se présenter en héros du climat devant les médias et ses pairs.

Mais parallèlement, il envisage de mobiliser l’argent des contribuables pour le projet de TOTAL visant à forer du pétrole et du gaz dans l’Arctique. Ajoutez votre nom à cet e-mail que nous enverrons pour vous au Président Macron et à ses conseillers pour demander à la France d’arrêter de soutenir les combustibles fossiles.

Pour arrêter la crise climatique, il faut couper le robinet financier de ces projets fossiles polluants.

Ce que nous dirons du Président Macron touchera ses cordes sensibles. Profitons donc qu’il soit sur le devant de la scène internationale pour exiger qu’il tienne son engagement et passe à l’action climatique.

Envoyez un message au Président Macron pour lui demander de retirer son soutien en faveur des projets fossiles polluants. Nous ajouterons votre nom à l’e-mail que nous enverrons au Président et à ses conseillers à l'occasion de cette date symbolique.

Le gouvernement français est en pourparlers avec TOTAL pour garantir, via nos crédits à l'exportation, un projet gazier polluant dans l’Arctique. Ce projet gazier colossal vise à produire et à exporter l’équivalent de 7 milliards de barils de pétrole, ce qui représente 12 fois la consommation annuelle de la France.

Ce projet n’est pas le seul pour lequel TOTAL obtient des fonds publics. L’entreprise prévoit de mettre en place la plus grande infrastructure énergétique en Afrique, un gigantesque projet gazier au Mozambique, pays qui subit déjà de plein fouet les effets de la crise climatique.

Une tendance se dessine en ce qui concerne les projets fossiles polluants. Les pays riches subventionnent leurs entreprises qui ensuite exploitent la terre, abusent des ressources et violent les droits humains dans d'autres pays à l’autre bout du monde.

Ce système financier alimente l’effondrement climatique qui détruit nos vies. Nous devons empêcher les banques et autres institutions financières publiques, ainsi que les investisseurs, de continuer à soutenir l’industrie toxique des combustibles fossiles. En 2021, nous allons leur demander des comptes pour chaque projet et nous battre pour faire respecter chaque engagement.

Pour en savoir plus :

Le double objectif politique de Macron sur l’Arctique pour étendre son influence dans la région

La France pourrait soutenir un gigantesque projet gazier dans l’Arctique russe

Liste d’accusés révélée : 20 entreprise responsables d’un tiers des émissions de carbone mondiales

Total boucle le financement du projet gazier Mozambique, pour un montant de 15,8 milliards de dollars : FNB

Discours du Président Emmanuel Macron à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU

E-mail adressé au Président français Emmanuel Macron:

Monsieur Le Président de la République 
Palais de l’Elysée 55 Rue du Faubourg Saint-Honoré 75 008
Paris

Monsieur le Président de la République,

Le One Planet Summit est une occasion unique pour répondre à la crise du COVID-19, en mettant la solidarité internationale, la protection de l'environnement et la lutte contre le dérèglement climatique au centre de l’action des gouvernements et entreprises représentés.

Nous vous appelons à respecter les engagements de la France en mettant fin dès 2021 aux subventions d’État et investissements accordés au charbon, au pétrole et au gaz et tout autre projet polluant via les institutions financières françaises, publiques comme privées, et à tenir Total responsable pour les dommages que la multinationale cause.

Principale responsable des émissions de gaz à effet de serre depuis la révolution industrielle, le secteur des combustibles fossiles a causé plus d’un tiers des émissions et continue d’être la principale menace pour le climat et la biodiversité. D’autre part, la Convention sur la diversité biologique (CDB) oblige les États parties à prendre des mesures de conservation de la biodiversité et à promouvoir un usage durable des ressources naturelles. Ceci implique la sauvegarde des écosystèmes naturels et des aires et espaces protégés par la minimisation des activités ayant un impact négatif sur la biodiversité, telle l’exploration et l’extraction de combustibles fossiles.

Il serait « incohérent » et « irresponsable » pour la France de soutenir Arctic LNG 2 et tout autre projet polluant via des garanties à l'export, comme vous l’aviez vous-même souligné à la tribune des Nations unies en septembre 2019. Faire le choix de soutenir l’exploitation et le transport de gaz dans l’Arctique russe entrerait en totale contradiction avec vos précédentes déclarations et les obligations internationales de la France.

Contrairement aux affirmations de majors comme Total prétendant que le gaz serait une énergie de transition, la communauté scientifique est unanime : il n’y a pas de place pour explorer de nouvelles réserves de gaz dans le budget carbone mondial nous permettant de maintenir l’augmentation globale de la température en dessous de +1,5°C. Le Programme des Nations unies pour l'Environnement a démontré que les prévisions de production de gaz en 2040 dépassent déjà de 47 % les niveaux compatibles avec un réchauffement de 2° C.

Bruno Le Maire a annoncé le projet du gouvernement de mettre un terme aux garanties à l’export pour les projets pétroliers en 2025, et pour les projets gaziers en 2035. Ces dates vont ouvertement à l’encontre des recommandations de la science, et sont incompatibles avec la limitation du réchauffement global à 1,5°C. De plus, les exclusions proposées par le gouvernement font l’impasse sur les infrastructures de transports (gazoducs, oléoducs, terminaux GNL), qui représentent 20 % des assurances-crédit octroyées dans le secteur des énergies fossiles, et laissent la porte grande ouverte au financement de centrales à gaz fossile. La France doit urgemment rectifier ses propositions sur la fin du soutien public à l'exportation pour ce qui est des secteurs les plus polluants.

D’autre part, la Caisse des dépôts et consignations, principal acteur financier public français doté d’une mission d’intérêt général, affirme que « sa démarche d’investisseur responsable est au coeur de sa raison d'être », mais continue d’investir, sans transparence, dans le pétrole et le gaz. L’ensemble des institutions et portefeuilles dont la CDC assure la gestion, tels que CNP Assurances, la Banque postale, le Fonds de réserve pour les retraites, l'Ircantec, le Livret A, le Livret du développement durable, etc. doit exclure dès maintenant les entreprises qui investissent dans l'exploration des énergies fossiles et mettre fin au soutien à l’expansion des secteurs du pétrole et du gaz. Nous sommes plus de 24 millions à posséder un Livret de développement durable et solidaire (LDDS) géré à 60 % via le fonds d’épargne de la CDC. Si une partie sert à financer des prêts pour le logement social ou diverses infrastructures, une grande partie de cet argent est placé sur les marchés financiers. Malgré l’absence de transparence, nous savons que le fonds épargne de la CDC investit dans des firmes comme Total, Engie, Vallourec ou encore Technip. Cette contradiction est insupportable.

Alors même que le Royaume-Uni envisage de mettre fin à toute subvention aux combustibles fossiles via son agence de crédit à l’exportation (UKEF), que le Secrétaire Général des Nations unies a appelé les institutions financières publiques à mettre fin à la finance fossile, ces orientations mettent à mal la crédibilité de la France sur la scène internationale. 
 
Nous vous invitons aussi à prendre connaissance des "Principes pour des institutions financières alignées avec l'Accord de Paris", publiés en septembre 2020 par 60 ONGs au niveau international.

Ainsi, la France doit donner des gages et :

- Assurer une compatibilité totale des activités de ses institutions financières publiques  avec l’Accord de Paris, telles que la Caisse des dépôts et consignations.

- Acter la fin du soutien aux énergies fossiles via Bpifrance Assurance Export, dès 2021 dans le projet de loi de finance, y compris dans le secteur du pétrole et du gaz dits “conventionnels”, pour l’exploration, la génération d’électricité et les infrastructures de transport associées.

- Et renouveler ses engagements de financement climatique vis-à-vis des pays en développement.

Par cette lettre, nous en appelons ainsi à votre redevabilité vis-à-vis de vos engagements et des obligations internationales de la France.

Veuillez agréer, Monsieur le président de la République, l'expression de notre respectueuse considération

Vous pouvez modifier ce texte afin de le personnaliser.

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