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La finance a fourni 745 milliards de dollars en trois ans pour des projets de centrales à charbon

Selon les ONG Urgewald et BankTrack, plus de 1.000 projets de centrales ou unités de centrales à charbon ont été financés. S'ils voyaient le jour, ils représenteraient une hausse de 28 % de cette filière énergétique, parmi les plus impliquées dans le réchauffement climatique.

Le rapport liste 258 entreprises ayant financé directement ou indirectement 1.000 projets de centrales à charbon.
Le rapport liste 258 entreprises ayant financé directement ou indirectement 1.000 projets de centrales à charbon. (John MacDougall/AFP)

Par Les Echos

Publié le 6 déc. 2019 à 10:26

La filière charbon marche toujours à plein régime. Selon une étude des ONG environnementales Urgewald et BankTrack dévoilée jeudi soir, les groupes financiers mondiaux ont apporté quelque 745 milliards de dollars ces trois dernières années à 258 entreprises développant des projets d'usines à charbon.

Les deux organisations, qui dénoncent un double discours en matière de changement climatique, ont comptabilisé, avec l'aide d'un réseau mondial d'ONG, les différents types de financements - prêts, émissions d'actions, etc. - consentis entre janvier 2017 et septembre 2019. Au total, il existe plus de 1.000 projets de centrales ou unités de production de charbon qui, s'ils se concrétisaient, ajouteraient 570 gigawatts au parc mondial de centrales à charbon. Ce chiffre représenterait une hausse de 28 % de cette filière, qui fait partie des plus émettrice de CO2.

BNP Paribas dans le Top 5

Urgewald et BankTrack ont constaté notamment que 307 banques commerciales ont prêté directement 159 milliards de dollars à ces entreprises promotrices du charbon. Les trois principaux prêteurs sont les banques japonaises Mizuho, Mitsubishi UFJ Financial Group et Sumitomo Mitsui Banking Corporation, devant la banque américaine Citigroup et la première banque française BNP Paribas. Les ONG relèvent que les banques japonaises représentent environ un tiers des prêts accordés à ces 258 entreprises et les banques européennes, 26 %.

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« Les grandes banques européennes comme BNP Paribas et Barclays excluent le financement direct de projets pour les nouvelles centrales au charbon, mais elles continuent d'accorder des prêts aux entreprises qui les font avancer », dénonce Greig Aitken, responsable de la campagne climat pour BankTrack. « BNP Paribas continue de jouer contre la tenue des objectifs de l'Accord de Paris » visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré, estime pour sa part Lucie Pinson, responsable de la campagne finance privée.

BNP Paribas à la défense

La banque, qui a annoncé récemment son désengagement du secteur du charbon d'ici 2030 dans l'Union européenne et 2040 dans le reste du monde, demeure « le 22e plus gros financeur au monde de ces entreprises sur cette période », avec 8,8 milliards de dollars au total. BNP Paribas conteste ces chiffres, affirmant avoir « cessé de financer tout nouveau projet de centrale au charbon depuis 2017 ».

« Le nombre de nouveaux projets financés par BNP Paribas est donc nul en 2019 », déclare la banque, ajoutant qu'elle n'est pas exposée aux 258 sociétés mentionnées par les ONG. « Le groupe n'a en en fait qu'une relation commerciale avec une dizaine d'entre elles au plus », précise-t-elle.

Un double discours, affirment les ONG, qui taclent aussi le groupe espagnol Santander, sponsor de la COP25 organisée à Madrid . Le mastodonte ibérique, qui s'est engagé à ne plus financer directement le charbon, a accordé 655 millions de dollars en 2018 et 2019 à trois entreprises (PGE, Tauron et Energa) pour installer 5,7 gigawatts de production charbon supplémentaire en Pologne, affirme Carlota Ruiz-Bautista, une avocate spécialiste de l'environnement, citée dans le communiqué.

Les banques chinoises, premières émettrices de titres

Le rapport note également que 300 banques ont travaillé avec des entreprises engagées dans le charbon pour leur permettre de percevoir plus de 585 milliards de dollars via l'émission de titres, comme des actions ou des obligations. Les grandes banques chinoises ont été les principales engagées, avec notamment Industrial and Commercial Bank of China et Ping An Insurance Group. De prestigieux établissements britanniques comme HSBC, Standard Chartered, Barclays et RBS y ont aussi nettement participé.

Les ONG n'épargnent pas non plus les investisseurs, qui achètent les titres mis sur le marché par les banques. En 2019, plus de 1.900 investisseurs institutionnels détenaient 276 milliards de titres liés au développement de projets charbon. Le gestionnaire d'actifs américain BlackRock est en tête, devant le fonds de pension et d'investissement du gouvernement japonais et les fonds d'investissement américains Vanguard et Capital.

Source AFP

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